De retour, Ulysse, le rusé aux belles cnémides, à qui il ne faut pas la faire, bande.
Pénélope, sa femme à lui, pas celle de l’autre aux sourcils broussailleux, il ne l’a pas vu depuis plus des lustres. Il rentre d’un voyage un peu particulier qu’il a fait avec des copains pour régler leur compte aux mecs de la cité d’à côté ; une histoire de gonzesse. Faut pas croire, mais le grec à cette époque a le sang chaud et sa barbe cuit quand ces andouilles de Troie font les malins. Reste que Pénélope lui fait l’effet d’une femme un peu excédée et ça, ça le fait vraiment bander.
Tout le monde rigole en voyant ce type, qui n’a pas l’air d’une flèche, attraper ce vieux truc, qu’aucun d’eux n’a pu bander. Parait que l’instrument était celui d’Apollon. Ulysse s’en fout de leurs sarcasmes et lie les deux bouts comme s’il laçait ses crepidae et leur fait face. Il bande et cette bande de croque misère rit jaune et se débande. Ulysse est de retour. L’annonce ne va pas que siffler aux oreilles, ça va rester au fond de la gorge et les trucs piquants c’est dur à digérer…. Faut se méfier des vieux qui bandent encore.
J’vous dis pas l’état du décor. Pénélope a retrouvé son mec, mais si le ménage est reconstitué il reste quand même à passer la serpillère … Ulysse casse beaucoup !
Ulysse valait bien un médaillon, un grand. AÏNI le fit et dans cet espace clos de verre, que les reflets du jour font scintiller, il annonce la couleur. Les bords du cadre ont beau être d’une juvénile rondeur de joue, ce que joue cet homme voûté sur l’effort à tendre la corde meurtrière, entre le gris et le rouge cerné de l’or du cuivre et que le noir d’ébène borne, est d’une rare tension à en déborder le cadre, contre lequel sa tête se courbe.