Suzanne au bain ou le vol de l’innocence. Catherine WOLFF le prend au premier degré, ce vol de l’innocence, en représentant un ange abjectement déchu, profané dans son intimité, fouillé d’un regard mécanique, sans âme, sans recul.
Suzanne est une enfant. Elle veut jouer sans contrainte. Lui, échangerait bien ce E contre un I moins contrariant à des ambitions qu’il croit encore possibles.
Vieillard, il le fut toute sa vie, caché dans la peau d’un pieux pour imposer le sien, au prétexte de sainteté, de jeux, de beauté, de soumission.
Vieillard, il se croit encore jeune et vigoureux. Il n’est qu’emplit de noueux désirs, qui tordent en pénibles crampes son imagination noyée dans des envies de vengeance et de punitions. Suzanne voudrait voler de ses propres ailes. Elle en a l’âge, c’est sa vie. Il la regarde et la tue. Il la veut, cette palpitante vie qui le fuit. Il veut l’enfermer dans le tombeau si sombre, qu’il sent sous ses pieds, s’ouvrir déjà un peu.
Suzanne doit mourir dans le silence de son désir honteux qu’aucune manipulation ne peut plus satisfaire à libérer l’humeur qui hante son esprit. Suzanne est une enfant, elle a le droit de croire au naïf espoir de la continuité.
C’était sans compter avec le crime silencieux, celui qui arrache les rêves, celui qui piétine la fraîcheur des désirs et pervertit l’haleine en méphitiques remugles.