La peur guide Saturne, la peur qu’un de ses enfants prenne ce qu’il considère être sa place. Bien plus tard Hérode aura la même peur et fera pourchasser et tuer les nouveaux nés.
Est-ce de cette peur que Catherine WOLFF nous parle et qu’elle symbolise dans l’image d’une masturbation ?
Des hommes, aux bourses boursoufflées de suffisance, imaginent que les femmes ne sont que des incubatrices dans lesquelles ils déposent un enfant complet.
En ce sens l’image de C. WOLFF est cohérente à représenter cette misogynie phallocratique sous la forme d’une masturbation, dont certains pensent, en riant mais peut-être en y croyant, qu’elle est un massacre d’innocents.
« Je l’ai rêvé si fort que les draps s’en souviennent » chantait « Il était une foi » …. C’était en 1975, en plein giscardisme, et ce fut un tube qui passa sur toutes les ondes et dans toutes les oreilles, démontrant que la « pollution nocturne » ne rendait sourds que les aveugles pudibonds.
Toutefois, sans imaginer, comme cette œuvre le montre, que des enfants puissent sortir et mourir lors de cette caresse, si commune et si ordinaire, on peut penser que cette même caresse puisse devenir une monstrueuse manipulation qui si elle ne tue pas l’enfant à qui on la soumet, tue avec certitude son enfance.
De Goya à Wolff, la même composition, le même regard halluciné, la même crevasse armée de dents, la même prise de mains, la même folie, la même peur. On est loin du plaisir, on est dans l’urgence à détruire, dans la haine de soi-même, dans l’incandescence paranoïaque. C’est une œuvre forte dans la simplicité de son trait. WOLFF dessine comme on crie, sans fioriture.