L’objet du culte

L'objet du culte

Hé ! vieux barbu à nichons, crois-tu que ton Haut de Forme, ta cane et ton frac fassent de toi un être si remarquable que tu sembles y porter un culte ? Après tout tu as bien raison. Nous sommes les seuls à ne pas nous voir, hors les fugaces passages de miroir et les reflets de vitrines à qui, silencieusement, on pose la question de l’unique beauté que nous pourrions être.


Les autres, ceux qui comme nous sont aveugles à eux-mêmes, sont les seuls à nous voir et nous leur rendons bien. Alors pourquoi pas un peu de théâtre, un peu de torsion à cette obligation d’avoir la peau dans laquelle nous vivons, pour l’incliner à ressembler à ce que nous pensons de nous-même et à le donner à voir. Si nous n’avons pas choisi notre corps et tous ses attributs, il nous reste la possibilité d’investir un personnage et de devenir ce personnage et obliger ce corps aux pesantes contraintes à se plier à la pensée qui l’habite. Le frac et le Haut de forme font penser à Verdi mais aussi à Thiers qui, sous la mitraille, traitait le peuple de « vile multitude ». L’habit ne fait peut-être pas le moine mais il donne à l’être qui le porte le bonheur de paraitre dans le grand cirque urbain tel qu’il le désire. Mais si les riches sont excentriques, les pauvres, eux, sont simplement ridicules à vouloir sortir d’une condition assignée, à moins qu’ils ne soient fous ou pire poétes.

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