paves-paulino

Vous connaissez la toile à pavés ? Dans l’Nord c’est la wassingue, ailleurs la serpillère. Un excellent cadeau bien trop souvent négligé et dont l’attente peut prêtre à confusion, comme dans la scène remarquable du « Père Noël est une ordure ». Quant au nom « pavé » il a déserté l’usage d’appellation des revêtements de sols domestiques. Peu importe, même si la plupart des pavés ont été remplacés par de vulgaires carrelages.

Ceux qui demeurent se reconnaissent par le velouté d’une texture gourmande d’épaisseur. Les milliers de pieds humains, de tables, de tabourets et de chaises, qui fouillèrent dans le sable étalé ou la sciure étendue, n’ont fait qu’adoucir leur peau, la rendant douce, presque tendre, avenante au toucher, tant de l’oeil que de la main, propices à la caresse de la toile, de la serpillère, de la wassingue.

C’est un tapis qui s’offre, ou plutôt un écrin tendu de douceur pour y pose un escarpin, lui-même écrin du cou nu du pied fragile qu’il habille si peu. Le regard se tend et monte, vertigineuse ascension, il bute sur le taffetas méandreux cacheur de grottes, dont il devine ou espère des senteurs marines. Un bras, dont la main assure le silence du tissu qui chante sur ses bas, ferme sa curiosité et l’oblige à monter, là, vers les chairs que son espoir pense nues, voit nues et nous les montre ainsi.

Elle s’amuse de ce déballage inventé. Peut-être est-elle nue, elle se sent désirée, mais ne le sait ni par qui ni pourquoi. Elle est seule, ce qui la rend fragile à l’idée de certains, mais aussi dangereuse, comme la mer qui roule, si peu loin, ses amènes rouleaux. Va-t-elle se lever, comme semblent le dire ses épaules inclinées, et aller vers ce regard en vague scélérate ou attendre que l’écume de ce qui semble être un désire, finisse de chanter la beauté qui en ce moment l’habille.