Le ver dans le fruit

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Étrange gémellité, œuf à deux cellules que l’épaisse cloison ne sépare que de corps. Dans le brun acajou de la lourde lumière leurs esprits veillent. Ils se sentent l’un l’autre, ils sont lunlautre, fusionnés en une même âme que protège le serpent du temps qui tisse l’avenir.

Lui connait la raison de cette prison sans nom. Il les sait condamnés à la séparation. Vivez, n’écoutez que les sons assourdis du dehors, dans la chaleur tranquille et vibrante de ce corps, qu’un jour vous quitterez.

Alors vous n’aurez plus qu’un songe de mémoire rabotée. Aucun mot pour décrire l’impalpable, l’absence, la fade sensation, qui pourtant seront là à chatouiller les méandres d’un sommeil bavard d’un langage de vent dans les pierres érodées des certitudes ressassées.

Le temps qui veilla tant sur vous en rira. Lui seul connait le serment que vous échangeâtes et dont vous oubliâtes les paroles, ne gardant que leur musique armée de battements sombres et profonds, de sifflements syncopés et d’élans maritimes.

Le temps veille à jamais et jamais ne vous quittera. C’est une conscience que certains pensent accrochée aux étoiles. Alors, vivez le simplement sans savoir si le chemin est celui de vos pas ou si vos pas est le chemin à suivre et surtout ne vous égarez pas dans la spirale sans fin de la quête répétée. Vivez, c’est le meilleur moyen d’être ce que vous êtes.