La dame et l’oiseau envolé

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Elle est vivante cette scénette à deux images dont l’une se passe très facilement de l’autre. Elle éclaire le sens de la chronique de PAULINO dont l’oeil s’accroche au quotidien pour en faire un récit, qu’il nous sert à sa façon, moitié dessin, moitié peinture, faisant un pont élégant entre la bande dessinée et la peinture de chevalet. Ce jeu des multiples erreurs nous cailloute d’aventures sur des sentiers tordeurs d’imaginaire, nous laissant penser, composer, glisser dans des hypothèses mouvantes comme un ciel maritime. C’est tout l’art de PAULINO, il donne l’essentiel et nous laisse les détails.

L’essentiel c’est cette dame et cet oiseau, que l’on aurait pu ne pas voir mais que lui a vus et croqués. Avec qui est-elle ? Avec elle-même ou fortement accompagnée ? C’est là que le peintre nous tend le pinceau à peindre l’imaginaire. L’oiseau posé milite pour la quiétude de l’ennui, et s’il s’envole c’est peut-être au grincement de la chaise que l’on vient de tirer et qui rompt le silence de la solitude désirée ou subite.

Cette double peinture est comme un exercice, comme une suffisance à nous dire qu’il sait représenter. Et c’est vrai, PAULINO a un cerveau, des yeux et une main bien en ligne, mais il faut quand même signaler la souplesse du trait, la liberté des couleurs, l’abandon de la rigueur et parler des gestes et des regards. Rien ne semble académique dans son travail mais tout est d’une extrême vivance et c’est la marque de ce peintre d’être vrai dans le geste et dans le regard et aussi dans la composition. Ce peintre ne fait pas de nous que des spectateurs, il fait de nous ses complices.