Ulysse

« Ulysse » est un voyage qu’il est bien difficile de rendre en photo, un peu comme les soirées diapos, maintenant remplacées par les soirées ordi ou pire téléphone, qui avaient l’ambition du partage et commençaient à chaque nouvelle image par le « alors là … » fatidique qui, comme l’eau versée dans le corps des antiques pompes à bras, amorçait l’anecdote porteuse d’une éventuelle adhésion.


l’ « Ulysse » de Rebecca CAMPEAU a l’abord tumultueux d’un livre dont le pouce caresse l’éventail des pages libérées de leur sommeil par une torsion de l’ouvrage, doux feuillement, chanson amicale d’une plongée proposée. Il faut, pour commencer ce voyage, s’arrêter pour habituer nos pensées à ne plus vaciller sous l’ardent foisonnement. Puis, petit à petit l’aveuglement diminue, les détails apparaissent et forment le sentier que notre esprit parcourt. Ulysse est là, il accompagne notre quête, la mer se fait entendre, l’histoire, enfin, tisse son récit.


Les œuvres de Rebecca CAMPEAU ont un rythme initiatique. En brusquer le déroulement équivaut à en perdre le moelleux, la profondeur et ne laisse que l’idée d’un foisonnement buissonnier dans lequel s’égard la pensée. Pourtant, le vertige de la perte semble nécessaire à l’accroche du sens qui ne se gagne qu’à la lenteur d’un regard intérieur.
Rebecca CAMPEAU a la pudicité courtoise, elle invite, elle propose, elle met en place, mais elle laisse l’autre s’installer à son gré, sachant qu’il puisse ne rien voir, ni ne rien comprendre, acceptant d’être, par certains, payée d’indifférence et même de mépris, car d’autres se prennent avec délice dans la toile bavarde tissée des nœuds amoureux de personnages, de paysages, d’histoires et de rêves.

Pour en apprendre plus sur Rebecca Campeau