La tentation d’Adam

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Cela fait une vingtaine de jours que Serge GOBBÉ est accroché au 75. Le matin en mettant la lumière dans la galerie et en sortant l’enseigne qui désigne sa présence, je jette un œil sur la richesse des murs.

Je me sens d’une gourmandise pâtissière, tout est tentant et trépigne à attirer le regard, l’attention, l’arrêt, comme le font les gâteaux d’un étal parfumé.
Une galerie est un lieu terrible, habité d’une fanfare de sensations. Chacune des œuvres qui y sont présentées suffit à envahir les lieux. Reste à nous de les isoler les unes des autres et à les regarder en oubliant le contexte.

Depuis quelques jours je ne suis plus capable de les entendre seules. C’est la musique de l’ensemble dans laquelle je baigne. Pourtant, la nuit, c’est une partie ou un détail de l’une d’entre-elles qui vient m’habiter pour se changer en mots que le réveil efface, ne me laissant que le très vague souvenir d’une enveloppante visite impossible à définir.

En allumant la lumière de la galerie j’espère dissiper le brouillard, retrouver les mots, les comparer au travail exposé, renouer la conversation dans laquelle j’étais et enfin demander aux œuvres, qui toutes attendent le regard, de patienter un peu, que je puisse glisser de l’une à l’autre dans une tranquille lecture.
Le travail de GOBBÉ sur toile est bien différent de celui réalisé sur papier.

Si le premier parait une tonitruance provocante, l’autre se reçoit dans un registre plus calme, mais au-delà des apparences c’est le même homme qui peint et projette avec la même préoccupation de se confier, d’abord à lui, ensuite à nous.

Ce travail est vigoureux et sans méandres. Il ne cherche pas à plaire, à séduire, à avoir la sagesse du « comme il faut ». Ce travail ressemble trait pour trait à son auteur : bravache et tendre tel Cyrano de Bergerac de Rostand.

Je ne m’étonne pas vraiment de mes difficultés à parler des peintures de Serge GOBBÉ, elles sont trop pudiques pour se livrer hors de la pénombre de la méditation. Ceux qui en ont le savent et certains n’hésitent pas à dire qu’ils habitent chez GOBBÉ.