Une dame, dans la rue, passe et regarde, avec insistance. Je sens son regard et lui propose de franchir la porte qui est ouverte et par laquelle elle regarde … « Non, j’ai peur … » et elle part. Drôle d’idée d’avoir peur d’une œuvre de Béraud. Alors, je prends une chaise et m’assoie devant cette « Protection rapprochée » qui fait si peur à cette dame.
Le travail de Béraud me fait penser aux sous-bois, aux abords feuillus et encombrés des talus qui bordent les sentiers forestiers. Ses créatures sont pour moi des faunes, des nymphes, des gnomes, des elfes et ses compositions sont des sarabandes, de bacchanales poursuites, des tarentelles….. Sans doute est-ce cette profonde et exubérante énergie, qui semble surgir de la mousse et des brindilles, qui fit penser à cette dame à la rupture des conventions sociales, à l’explosion des désirs, à l’absence de cette invention humaine, que le monde animal nous laisse en rigolant, qu’est la pudeur. Écrire que Béraud est un peintre impudique me fait sourire.
Rien dans sa conduite ordinaire n’évoque la débauche, bien qu’il fasse du vélo et joue de l’harmonica, et s’il me vient de curieuses pensées en regardant ses œuvres il me faut bien admettre que j’en suis le seul responsable, enfin, je veux dire par là que je veux bien l’admettre tout en me disant que l’inconscient doit bien exister aussi à la Chapelle de Bragny.