Plâtre

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Personne ne s’occupe d’Ismène ; elle fut pourtant la fiancée d’Hémon, son cousin, qui lui préféra Antigone, sa sœur, la sienne à elle, elle, elle est sa cousine, à lui, Hémon … Ismène est dite jolie et soumise, elle sera assassinée par Tydée qui faute de prendre Thèbes et la prendre elle, lui prendra la vie. Ismène avale des couleuvres et ne dit rien ; elle sait d’où elle vient, elle est au bord de ce gouffre où gisent les mots de père, frère, mère, grand-mère. Son père-frère est mort, c’était son papa ; sa mère-grand-mère est morte, c’était sa maman. Ismène, que le métal poli du miroir lui fait découvrir sans pourtant la révéler, se demande qui elle est et pour qui.

Ismène n’est pas soumise, elle a décidé de vivre comme un poussin déciderait de vivre dans un nid de serpents hystériques, égocentriques et paranoïaques ; le pouvoir ne lui est pas étranger, c’est une protection plus qu’un outil, bien que gluante de culpabilité. Enfermée dans son statut de princesse, elle aurait aimé ne jamais sortir de l’histoire tranquille d’une destinée enviée, il aura fallu l’indicible effroi arraché au devin aveugle Tirésias pour que le calme devenir sombre dans le chaos du désespoir. Ismène depuis cette déchirante révélation perdit un père, une mère, puis ses frères, sa sœur, son cousin, sa tante, laissant le palais vide de pas, de tendres regards et d’égards, glaçant ses couloirs à l’image des sépulcres, drapant l’avenir de suaires salis d’opprobres.


Ismène est seule et chétive, elle n’est pas la glorieuse Antigone, celle qui a dit non et le paya de sa vie, mais elle est bien plus grande et plus forte que son illustre parente qui lava son désespoir dans une mort fabriquée, Ismène décida d’affronter la longue suite des jours qui tous lui disaient son infâme origine. Il aura fallu que les dieux blasés et fatigués mettent fin à cette histoire compliquée en envoyant Tydée et son fer assassin.