L’offrande

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Tu crois que c’est beau ?, oui on peut dire ça, que c’est beau ! ce qui n’empêche pas de penser que c’est dessiné comme un pied, qu’on aimerait plus un Vraz qu’un Souvraz, que ce genre de machin ça doit coûter un bras avec les poils dessus et que c’est pour des gens qui ne mangent pas la même chose que nous.

D’abord c’est quoi cette question de beau ou pas beau ? La notion de beau c’est plus glissant qu’une patinoire couverte de peaux de banane et les trois quart du temps c’est de la reconnaissance passive de nos habitudes les plus plates ou un collage approbatif à ce que l’on suppose du jugement des autres. Alors c’est beau un Souvraz ? Bah, faut pas être difficile pour dire ça, moi je ne mettrais pas ça chez moi, ou alors dans les toilettes, bien que ce soit un lieu de méditation et d’abandon …. C’est quand même pas commun, faut du temps pour s’y faire, tiens tu prends Gauguin il a pas vendu de son vivant, tout le monde à l’époque trouvait ça moche, faut que Souvraz se fasse à l’idée, c’est comme le pinard : faut attendre …

Bon, si on a même pas le droit de dire que c’est moche ou qu’on trouve ça vachement beau, reste quoi ? Reste que tu mets tes fesses sur une chaise, tu regardes, tu réfléchis, tu suçotes ça en jetant un regard et même plus, sur ses autres boulots et t’es pas obligé d’aimer ou de ne pas aimer, alors il restera le fait d’avoir été confronté, d’avoir regardé avec des yeux intérieurs, d’avoir cherché un écho à ta propre existence, et là Souvraz, comme ses pairs le feraient dans la même circonstance, te murmura la profondeur de son travail et vous commencerez la longue discussion que l’œuvre suggère en oubliant ces mots, la plus part du temps vidés de leurs âmes, que sont aimer, beau et d’autres encore, pour ne penser qu’à la découverte, au cheminement, au bonheur sans nom de s’inventer.