L’offrande à Popaul

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Ah ! c’est bien peint !!!!

Arrête, tu ne parles pas de Souvraz ? c’est peint avec des poils de d’sousd’bras, y a rien qui ressemble à rien, c’est le genre de mec que s’il te faisait à bouffer t’imagines pas ce que t’aurais dans ton assiette, si jamais t’as une assiette … Non, la vraie peinture ça doit représenter et être décoratif, on doit pouvoir la montrer à ses amis sans avoir peur d’un étonnement déconcerté et puis on est pas là pour se fader les névroses des barbouilleurs. Et Souvraz ?

Quoi Souvraz ? J’ai pas été clair ? On y voit rien dans son truc, c’est la nuit des capucines, impossible de faire un dessus de boite de chocolat ou un calendrier des postes avec ses petits dessins colorés à la va comme j’te pousse. Pourtant ça te prend quelque part quand ton œil tombe sur son travail, ça te pousse du coude à faire tomber tes certitudes, tu te dis que … oui, c’est vrai, faut quand même oser et pas avoir peur des copains, mais, là, tu vois, je me vois, naturellement c’est pas moi, mais je me vois, du moins je vois un autre moi, un qui était caché par peur qu’on le voit et qui n’attendait que ça, d’être vu.

Je m’en fout que Souvraz peigne comme ça, j’ai l’impression que la fenêtre est ouverte et qu’un vent frais bourdonne à en faire glisser les nuages. C’est super que Souvraz peigne comme ça et comme d’autres le font C’est pas facile, mais avec lui et eux, je vois Je ne sais pas ce que je vois, mais je vois et je vois sans mes yeux, du moins pas qu’avec mes yeux. Je vois avec mes souvenirs, ceux qui fleurissent sur la peau tendue de leurs terrains de jeux.

Ce n’est pas facile de goûter mais c’est pire de ne pas pouvoir le regretter.