Les amis d’autrefois

Les amis d'autrefois

Thalie en pâlit d’étonnement, lui, Arlequin habillé comme un prince dans un tilbury tout neuf … Pierrot, que la vie ne ménagea pas et que Colombine abandonna pour ce triste sire, frisonne d’un dégout amer. Colombine, son cher ange, disparue depuis si longtemps, lui laissa en charge l’enfant qu’elle fit, la pauvrette, avec cet immonde. Comme Pierrot l’aime cette fleur de douleur, ce pincement géant, cet embrasement de l’âme, elle est tellement son portrait, la regarder est rallumer en constance l’ardeur d’un feu dévorant, comme il aime cet enfant qui n’a qu’un tort, celui de n’être pas elle, de le nommer papa et non amour.
Où est-elle ? Arlequin n’en sait rien, sa vie est comme un train dont il est la locomotive, il fonce oubliant les décors. Tu l’aimais, elle m’aimait, laisse moi passer, tu as sa fille, elle est de nous deux. Toi, tu l’aimais pour toi, moi je l’aimais pour sa vie. Laisse-moi passer, ma vie a changé, je ne joue plus, je produis et je viens construire sur les ruines de vos vies le bonheur de demain. Cessons ces pantomimes et signez ce papier que vous tend mon huissier. Vos tréteaux sont cassés, vos rideaux déchirés, vos costumes suent l’humidité. Demain, au chaud, ils acclameront mes shows et vous aussi peut-être.

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