Le regard

Pauvre fille perdue, qu’as-tu fait de la vertu qui te fut imposée par ces mêmes hommes qui ne pensent qu’à la profaner ?


Te voilà fille mère, au ban de la société, battue froid et même à froid par des pisses froid raides de certitudes.
Tu le vois, ton petit, tout petit, qui ne sais rien de toi, ni toi de lui ? De ces deux ignorances se construit l’innocence des regards mêlés où déjà se tricotte l’indicible souvenir et de l’un et de l’autre.


Comment coulera le temps dans cette forêt de liens, laissera-t-il un sentier ou une vague trace, une saignée ou un gouffre que la lumière du souvenir ne peut plus éclairer ?


Tu le regardes comme tu fus sans doute regardée, avec ce même étonnement partagé. Tu le regardes et tu le touches. L’enfant aussi te touche et ébranle tes certitudes. Tu ne seras jamais plus comme avant. La porte ne se franchit que dans un sens et débouche sur le vide que la vie nouvellement apparut doit combler.


Tu ne peux pas lutter, tu ne peux que détruire en te condamnant à vivre de débris. Un jour le flot des regards sera tari.

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