Le cygne du destin

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Aspasie regarde, sans détourner les yeux, la femme qu’elle est. Loin de Milet qui la vit naître et lui donna le statut d’étrangère à Athènes, elle fut, en 400 avant la croix que planta Grégoire sur le défilé du temps, la compagne de Périclès qui ne pouvait l’épouser car métèque. Aspasie, à qui il était demandé, parce que femme, la transparence et le silence dans une démocratie d’hommes natifs, essuya les lazzis qu’on ne pouvait adresser à son puissant amant. Elle brilla d’une intelligence qui subjugua Socrate, mais aussi Lysiclès et bien d’autres encore.

Les dinosaures, qui tenaient leur pouvoir de leurs bourses, ne voyaient en elle qu’une hétaïre à noyer de leurs funestes semences dans l’espoir de la faire taire.
Avant M. & Mme GORGÔ, en 1794 Marie Geneviève Bouliard représenta Aspasie se regardant dans un miroir. Est-ce la République qu’il faut y voir ? Fière, lettrée, n’ayant comme apparat qu’une simple vêture sans l’ombre d’un bijou et qui peut se regarder et être vu sans rougir ?

Il en est ainsi dans l’œuvre des GORGÔ et celle que je nomme Aspagie, en croyant que c’est elle, est nue et le porte simplement. L’escalier fut long et redoutable, froid, sec et rugueux. Elle en oublia les morsures et la traitrise des scellements, pour s’acquitter en le montant de son devoir sacré, celui de franchir sereine le seuil de la maison humaine que bien trop souvent, ceux qui lui doivent la vie lui interdisent au nom de leur mâle certitude et surtout de la peur qu’elle leur inspire.

Le Parlement se réunit aujourd’hui pour inscrire dans la Constitution le droit à la libre décision d’enfanter. Une grande pensée pour Madeleine Pelletier qui aurait aimé ce moment, tout comme Aspasie, Simone Veil et tant d’autres.

Pour en apprendre plus sur les Gorgô :