La pince sans rire

La pince sans rire

Lors d’un flottement sur le tendre océan d’une chaleur de paume où l’esprit s’égare en volutes, en détours, en apnée de pensée, La pince-sans-rire venue me visiter m’évoqua American Gothic que Grant Wood peignit en 1930 sur un morceau d’isorel mou. A les regarder l’un et l’autre et les comparer entre eux, puis aux lambeaux de mémoire de cet instant passé, je regarde ce curieux visage de sexe accouchant de l’autre, celui de l’austère femme, dont on devine à peine les yeux, le nez, la bouche. L’homme, au loin l’attend, la surveille. Elle s’échappe dans ce parterre de fleurs qui couvrent la nudité d’une nature, comme elle, ravagée. Elle mue à en perdre la lourde carapace d’un destin assigné et j’imagine, au bout de son bras, celui qui le long de son corps échappe à la vue, une légère valise, celle de la vie qu’annoncent en déchirant la nuit une pluie de météores.

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