La croix faucheuse

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Comme dans les « Tontons flingueurs » on pourrait dire « y en a » en parlant du mysticisme chez Aïni, qui, dans cette toile y va carrément côté symbole, je parle de la croix !

Bien que …. Vous souvenez-vous de Caligula, le film de Tinto Brass de 1979 dans lequel une machine à tuer coupe les têtes ? Une machine infernale, des têtes dépassant de peu le sable dans lequel les corps sont enfouis, une avancée lente et régulière, l’horreur attendue. La machine ressemble, un peu, à celle que montre ce tableau … Cette toile d’AÏNI et surtout son titre m’y font furieusement penser.

Elle ressemble à quoi cette grande faucheuse, la vraie, celle qui soudain arrive ou vient à petits pas, puis s’arrête comme pour regarder ailleurs, puis revient en souriant, comme pour s’excuser du dérangement et enfin conclut alors qu’on espérait son oubli.

On la représente souvent sous forme d’un squelette habillé de noir, avec une immense faux. C’est plus imagé qu’un virus, qu’une balle de fusil, qu’un pare choc, qu’une avalanche, qu’un sablier se vidant du dernier soupir. La mort s’habille de quotidien, de banal, d’attendu. Nous l’avons constamment sous les yeux, chez nos proches, à la télé, au cinéma. C’est un drame ou une actualité. Elle bouleverse ou fatigue. C’est un gros titre ou un faire-part ….

AÏNI nous la montre, cette mort, sous forme d’une croix, une croix que notre culture, façonnée à coups d’épée, de bûchers, de repentirs et de promesses, porte terriblement enfoncée dans son inconscient. Cette croix on la trouve dans notre environnement mais aussi chez certains, accrochée au-dessus de la porte, objet de mémoire et de protection espérée.

La croix est une rédemption par la souffrance, par l’abandon, par le doute. Le personnage qu’AÏNI représente dans cette œuvre a le regard sacré de l’interrogation sur la vie qui écoulée mène jusqu’à cette porte qu’il va falloir franchir sans espoir de retour.