Au coin du feu

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Il faut peut-être voir « Au coin du feu » comme le retour d’un « acharné » qui vient se reposer avant de retrouver le bleu de la fraternité qu’aucune pluie ne peut effacer, et réenvahir à nouveau les rues, armé de chants et de l’ivresse d’être soi en étant la foule des humains nouée des corps de chacun.

Quel sens apporter au mot feu quand l’âtre est absent du champ de vision et que le héros semble si rêveur qu’il peut paraître abattu ? Le verre renversé, le poisson mort au sol, le mobilier rare, le plancher brut, aucun tapis ni rideaux, est-ce l’intérieur d’un abandon social que l’alcool dégoûte au point d’en perdre l’équilibre et d’enfoncer l’espace dans l’épais silence de la désolation ?

Christophe PAULINO, au travers de ses mises en scènes, parle des gens, des humains, nos frères, nos soeurs, de ceux qui vivent l’ordinaire de l’existence. Je le trouve tendre dans ses instantanés qui évoquent souvent la solitude et l’ivresse attendue. J’y vois plus une attente qu’une résignation, une acceptation plus qu’un écrasement. Les héros de PAULINO sont des gens ordinaires, il les vit et les voit en couleurs, comme l’est le ciel de Dunkerque où le bleu succède au gris sous le souffle du vent ou de l’amitié

Il y a beaucoup de verres et de poissons dans ses oeuvres. Le verre c’est le vin et le poisson c’est le plus important symbole de la culture humaine. Ces deux frères font bon ménage en février, date du Carnaval de Dunkerque qui est tout sauf étranger à PAULINO.

Peut-être qu’Annie, en choisissant « Au coin du feu », a pénétré dans une histoire très différente. Ils auront le temps de se parler, d’échanger, de composer un regard qu’eux seuls partageront et qui, immanquablement, les transformera et l’un et l’autre.