Guy Béraud, sans être à proprement parlé un taiseux, est un phraseur du pinceau plutôt compulsif. En cela, bien qu’habitant dans une campagne digne de figurer au palmarès des villages désertés par les bistros, abandonné par la boulangerie, n’ayant même pas un dealer de tabac, est totalement urbain au sens graffitesque du terme.
Ses toiles, enfin ses papiers marouflés sur toile, présentent une surabondance de signes graphomorphiques qu’il serait vain de vouloir décrypter à l’instar des borborygmes d’une gigantesque foule. Ces écrits aux allures de tag sont comme un écho de l’immense humanité dont les tourments n’atteignent le village qu’au travers de l’écran des téléviseurs. De là à dire que ce village soit un havre de paix, qu’il n’y ait pas ce qui fait le sel de la communauté, même réduite aux acquêts du couple, il ne faut pas exagérer.
Là-bas, dans ce décor sans quais ni supermarché, la majorité des seuls écrits sont indicatifs, tolérés par la Loi, posés par la DDE. Il n’y a que l’arrêt de bus, lieu de rencontre d’une jeunesse sans attache d’une table de café, qui porte les messages d’approche, d’envie, de délation et qui tente, par l’usage d’un dessin maladroit ou peu documenté, d’exprimer ce qui, en dehors de l’acné, hante l’adolescence en mal d’expérience.