Le retour en arrière est un espoir impossible. On ne peut pas effacer ce qui a été et s’il nous était possible de remonter le temps, que ferions nous de notre mémoire qui nous ferait vivre ou revivre les événements passés à la lumière du regret ou de l’envie. Nous sommes ainsi faits que remonter le temps nous est heureusement impossible, mais, nous sommes aussi ainsi faits que ce temps passé est la richesse du temps à venir. Si pour certains le passé est une nostalgie impossible à combler, pour d’autres le passé est porteur d’expérience
L’expérience est une lumière curieuse, elle ne s’allume, ni n’éclaire jamais de la même façon et pour s’allumer et éclairer elle a aussi besoin d’un éclairage, celui de la mémoire, de la mémoire qui se construit par le raisonnement et qui fait que d’expérience elle devient l’Histoire.
Sans Histoire, c’est-à-dire sans le regard très spécifique qui doit s’adresser à certains événements du passé, la vie risque la répétition et l’engloutissement dans le fatalisme. Parfois le passé est cruel, à nous faire douter de la raison de vivre.
Pourtant, l’horreur qu’inflige la perte et qui nous rend odieuse la possession de notre propre vie, ne peut nous faire oublier que la disparition que nous pleurons le plus, n’est que physique, alors qu’elle rend encore plus fort le paysage intérieur dans lequel nous habitons. « Le retour en arrière » est le refrain d’une triste chanson qui nous dit qu’hier était bien plus beau. Mais aujourd’hui est le hier de demain et dans cet aujourd’hui si nourrit d’hier, nous fabriquons ce demain, plus riche de jour en jour des bonheurs et des malheurs passés.
Vivre avec des regrets est peut-être le plus beau cadeau si on a envie de les éviter dans le futur que l’on construit. Je ne sais pas si AÏNI voulait nous dire que les portes sont faites pour être ouvertes, sans même frapper, à la volée, et tant pis pour ce qu’il y a derrière, ce qui compte c’est vivre.