BUUUUT !!!!! …. « On est les champions …. » Liesse vineuse d’un volume de bouteille, empâteuse de langue, alourdissante de pensée, on est les champions, lampions, champignons. Qu’est-ce que je fous là ? je voulais pas être seul, me voilà englouti d’hurlements, de fraternité-cacahouète, de « t’étais pour les autres, salop ! non ? alors merde sois heureux avec nous ». J’voulais pas être seul mais je voulais pas qu’on me parle, qu’on me touche, qu’on s’approche.
Je voulais pas être seul, je le suis encore plus maintenant, loin de ma maison que je fuis et là, dans ce vide abyssal aux senteurs tièdes de bière, aux cris aigres des chaises racleuses de pavés, je me sens si vide.
L’autre aussi est seule, je n’en vois que le dos. Elle ne bouge que pour boire d’une lenteur de fuite, habitée de retour tardif. Nous pourrions nous parler de nos voix sans échos, habiller le temps qui pèse des battements de ses longues secondes. Nous pourrions …..
Il me faut rentrer. La clé est si lourde qu’elle me cloue d’impossible. Je n’entends plus les cris d’un bonheur de télé, je les devine aux regards qui s’essuient dans mon dos et dans celui de l’Autre que des bouches avinées interpellent et invitent.
Il faut que je parte, je suis trop seul ici.