La belle et le mataf

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GOBBÉ me fait divaguer et porte mes pensées accrochées à l’épaisse carapace de ses toiles couleurs rasta. Ce type fait le pitre à grossir le trait. Il fanfaronne à gouailler des choses tendres, des choses de sa vie.

Ventriloque, il nous interpellerait en regardant les nuages. C’est à nous de voir s’il faut regarder les nuages ou le regarder lui. Ce type est comme les autres, il est aussi peu cernable que celui qui dit sa vérité en faisant croire à une fantaisie. C’est la richesse de GOBBÉ, que lui-même, sans doute, ne découvre que le travail achevé.

Inutile de lui demander la route, non qu’il se plaise à votre égarement, mais l’errance est nécessaire autant à lui qu’à vous. Et vous, en lui racontant votre cheminement, et lui, en vous donnant quelques détails comme on dit certains éléments d’un paysage, vous tricoterez une histoire que le moindre détail découvert, après votre idée faite, mitera d’incertitude.

Nous n’avons pas les mêmes yeux avec GOBBÉ et quand il demande d’un enthousiasme d’enfant si on trouve ça chouette, nous voyons une peinture qui raconte une histoire et lui voit une histoire qu’il a mise en peinture. A quelque chose près nous pouvons voir la même chose, mais le quelque chose peut être abyssal et, sorti de la constatation qui honore l’objet, ne pas ressentir ce que lui y met, ni ce que nous pourrions y mettre.

La peinture de GOBBÉ est longue en bouche, son attaque est enveloppante et peut être déroutante. Il faut la grumer, s’en lécher les iris, mâchouiller quelques détails, l’envelopper de réflexions et puis, une fois ingérée, digérer doucement en remettant en cause ce qu’il nous reste en bouche. Mais même ça semble bien précaire si l’on ne saupoudre pas de temps, de beaucoup de temps.