Quel curieux lieu, une galerie, et déjà quel curieux nom !
En première approche une galerie est un trou horizontal, une sorte de tunnel, qui va d’un point à un autre, plutôt sous la terre, mais en général dans une masse, d’où le glissement vers un autre sens, plus urbain, quand la masse devient construction humaine et que le lieu de passage devient lieu de flânerie. Alors la galerie se visite et perd sa vocation de mise en relation d’un lieu à un autre pour devenir une mise en relation en son sein …
A ce propos – de visite, il faudrait penser à faire un tour au 75 … Mais là n’est pas la question, elle réside dans le mot visite. Quel intérêt à visiter une galerie si ce n’est pour s’y montrer et l’épater ou pour y acheter des chaussettes – quand elle porte le nom d’un marquis qui fit pas mal de trous dans celles des sans culottes le 17 juillet 1791 ?
Quand elle est d’art, une galerie est un commerce, mais le commerce est une relation qui peut ne pas être monnayée, comme un commerce amoureux. Mais une galerie qui ne vend pas est une sorte de Musée, moins riche et moins varié qu’un Musée qui lui est constitué de galeries dont l’objet est de montrer et non de vendre…
D’une certaine manière on devrait appeler une galerie, si son objet n’est que la vente, comme on appelle une épicerie ou une droguerie … une artrerie ?
Avant de lui trouver un nom on peut déjà essayer de définir son usage : est-ce un lieu où l’on vend ou un lieu où l’on achète ? et est-ce un lieu où l’on montre en essayant de vendre ou un lieu où l’on présente ce qui s’achète.
Par ailleurs il ne faut pas oublier ceux dont le travail est présenté qui bien souvent trouvent normal d’être acheté et anormal de pas être vendu …
Il est souvent question de passion quand on parle d’art. Ca doit être le nom d’une crème contre les brûlures d’égo ou d’une pilule pour faire passer celle qui s’avale de travers. Il serait plus juste de parler de sacerdoce tendance SM.
Aïe, je parle de moi … Oubliez tout ça, c’est le journal d’un raté. Y a des tas de gens qui vivent bien de la vente de l’art et qui ont des vitrines pleines de traces de nez. Je suis comme les alcoolos : le soir je jure d’arrêter et le lendemain je remets la lumière …. Je ne suis pas passionné, je suis un militant ! Si j’ai mis mes fesses dans une barque c’est pour lutter contre le courant. Le courant m’emportera, le vent m’emportera, comme un Noir Désir.
Le désir c’est ce qui me fait aimer les attentes innombrables dans l’ombre des artistes, sans regrets, même pour ceux qui me firent tant de mal et dont la terrible mémoire n’efface pas la considération que je porte à leur art. La GALERIE75 n’est pas un lieu de spéculation. Les artistes qui y sont présentés ne coûtent pas grand-chose par rapport à ce qu’ils valent et leurs noms sont souvent peu connus. Mon métier est de les nommer.
Pardonne moi Serge GOBBÉ, en écrivant tout ça je pense à toi et à travers toi à tous ceux qui furent sur mes murs et à ceux qui le seront bientôt. En fait j’aime cette attente parmi vous. Elle bruisse de vos histoires.