Atelier du peintre Tortosa

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Ce matin, comme tous les matins depuis plus de onze ans, j’ai mis la lumière, sorti l’enseigne au chant de la clochette signalant l’ouverture de la porte et salué l’artiste du moment, Serge GOBBÉ, dont je couverai le travail tout au long de la journée qui s’annonce.

Je me sens bien avec GOBBÉ, c’est une peinture qui peut sembler râpeuse à certains, faute d’y mettre le doigt pour constater son moelleux, sa souplesse, faute de ne pas prendre le temps de se laisser envelopper par sa fragrance. Ces certains là ne font pas chanter la porte, ils passent et tout au plus disent ne pas mettre ça chez eux. Tout le monde n’aime pas le camembert et GOBBÉ se fait un malin plaisir à croûter, en oubliant le duveteux, ce qui est l’objet de sa narration.

Il lui est plus facile de trueller la toile qui bonne fille supporte l’outrance volubile que le papier dont la délicatesse s’accompagne plus difficilement d’une matière exubérante. Alors Serge sur le lit de cellulose se rabat sur le trait qu’il veut rapide et légèrement désinvolte mais qui trahit sa bougonne tendresse que cache si bien l’épais maquillage entoilé.

Le grand tableau que Serge n’a pas nommé et que j’ai baptisé « Atelier du peintre » du fait du portrait accroché derrière la chaise, me semblait exprimer une cruelle séparation. Un clown se dresse au centre de la toile, sépare le lit sur lequel un défunt, s’échappant à des étreintes désespérées, se noie dans un drap liquide que garde le chien fou de GOBBÉ, d’un couple protégeant deux enfants. Serge me dit avoir fait cette toile au décès de son copain, son pote, son ami François Tortosa.

Cette toile est très forte tant par sa composition que par ses couleurs et démontre, s’il en était besoin, la puissance picturale de Serge GOBBÉ.

A vivre cette toile, il me vient des images de Munch.