Souvraz n’est pas une brute, ce type a un regard bien dénué d’agressivité, il dit simplement ce que sa mémoire lui raconte pudiquement, échos lointains et fondateurs de l’homme qu’il a été et qu’il continue à être.
Ses œuvres sont des illustrations de contes, de ses contes personnels, de ses restes de visions que le temps n’a pas manipulées pour en faire un message ; l’oubli partiel en a sans doute gommé quelques détails et son sens poétique en a transformé la rudesse pour les rendre acceptables. Le silence semble dominer les scènes que Jean-Paul Souvraz nous propose et ce silence est un compagnon de solitude, la sienne peut-être.
Souvraz se représente de temps à autres dans ses œuvres, ne le cherchez pas, il marque « MOI » s’il veut qu’on le trouve. Ce personnage, qui porte l’image qu’il veut bien se donner, le regarde peindre et lui le regarde être peint, ils se parlent sans mots, ils comprennent leurs rôles, en fait c’est le même rôle que l’un et l’autre doivent jouer, celui d’imaginer être ; ils n’interagissent pas avec les protagonistes de la scène qui se dit, ils se regardent nous donnant l’impression d’être regardés.
Les personnages de Souvraz ont l’étonnement des êtres surpris d’un réveil qu’ils rêvent, plongés dans l’abîme des songes et des lourdes pensées. Ils sont posés en attente d’un mouvement qu’il leur sera peut-être demandé, dans un silence sans ciel, qui me fait pourtant penser à De Chirico.