Souvraz n’est pas un épouvantail, du moins pour ceux qui cherchent dans la peinture un regard au-delà d’eux-mêmes, comme ils le cherchent dans les livres, au théâtre, dans l’Art en général, et pour ceux-là, Souvraz ne fait pas peur, il est même nourrissant de perspectives et de découvertes.
Jean-Paul Souvraz a accroché à la GALERIE 75 deux toiles représentant des épouvantails, de ceux qu’enfant il craignait en s’étonnant que les corbeaux, destinataires de l’effroi programmé, nichent dans leurs chapeaux et piquent leurs dérisoires corps de chiffon pour en voler leur chair de paille. Le travail des oiseaux rendait plus inquiétant encore ces visages troués de crevasses sans yeux, dont les multiples regards semblaient le suivre, lui le jeune enfant accroché à la tiédeur sécurisante de la main maternelle.
Souvraz peint mat et ses personnages, contournés d’un trait continu et noir à manière de Georges Rouault, respirent d’une lumière profonde qui semble s’adresser à ceux qui daignent l’attendre par un regard soutenu.