Souvraz est un gars d’Dunkerque, comme l’autre, le croqueur humainalier qu’est PAULINO. SOUVRAZ est peintre, ceux qui connaissent le 75 l’ont vu et ont vu son travail et son travail c’est d’la balle, comme on disait jadis. Y a rien plus vrai que ce portrait que PAULINO fit de son pote Souvraz, manque peut-être le cigare mâchouillé.
Le titre du portrait parle d’une étrange fleur, je n’avais pas vu celle que regarde Souvraz, je pensais qu’il s’agissait de sa coiffure qui pour moi ressemble à une fleur. Souvraz, en vrai, a un côté Léo Ferré avec deux ailes en romantique pagaille qui nimbent étrangement sa tête de poète. PAULINO lui rajoute une garniture frontale – licence artistique qui s’admet tant ce portrait raconte justement …. PAULINO a le « coup de crayon » nécessaire et suffisant qui bascule sincère, sans tralala superflu, ce qui ne l’empêche pas d’aller pêcher là où son idée le porte. Très souvent Souvraz murmure, obligeant l’arrêt respiratoire, la torsion de l’hélix, l’inclinaison du buste. Lili râle, elle aimerait plus de son, Souvraz fait l’âne et les yeux un peu perdus, il déclame.
PAULINO le raconte et je me penche, espérant entendre et pourquoi pas trinquer avec l’éperdu. Souvraz vogue, poussé par ses milliers de toiles qui tapissent sa mémoire. Il se dit à quai, on l’espère à l’étiage, posé sur un banc de sable à y faire des pâtés en attente d’une crue d’huile et de pigments rageurs. Si l’impatience peut nous prendre, il cultive l’attente. Rêve-t-il à Maryan ? Ce portrait, celui d’un ami, fait par un ami, donne envie d’y rentrer, de mettre les coudes sur la table et de tendre son verre.