Pierre C. cherchait une « vanité » il a pris celle de Jacques POULAIN après avoir longuement hésité, tant plusieurs autres gravures attiraient son désir. Pierre était heureux, allant de l’une à l’autre avec l’enthousiasme d’un enfant à qui on aurait demandé de choisir un jouet ou un gâteau. Mais il voulait une « vanité », il la cherchait depuis longtemps.
Ce travail de Jacques POULAIN a la complexité habituelle de sa production et semble un élément d’une frise dans laquelle apparait un personnage étrangement bavard et moqueur et muni d’un gigantesque nez. Est-ce lui qui, décomposé, donnera le crâne, cet éternel rieur, qui plut tant à Pierre ?
La question de la vanité apparait vers le XVII siècle. Elle jette un regard terrible sur la brièveté et l’arrogance de la vie et ce regard n’est pas sans venir fouiller mes propres prétentions à vouloir exposer et parler du travail d’autrui.
L’attente journalière de la rencontre me pousse à cette introspection et ce sont des événements comme la venue de Pierre qui me font dire que ma place est celle d’un passeur, dont j’accepte la charge comme étant celle d’un sacerdoce. Pourtant je me rends compte que mes commentaires ne peuvent-être qu’un pâle écho de ce qui les motivent et que souvent je dois trahir. C’est pour cela que je me raconte plus que je dis de l’œuvre. Je raconte ma rencontre et à quoi cela me fait penser, comme je le fais en ce moment, en regardant cette « vanité » et en pensant à la mienne.
Pour moi les artistes sont des portes. Comme les autres j’ai le droit d’en pousser l’huis et de décrire le paysage qui s’offre à moi. C’est de moi que je parle, un moi inventé par l’artiste.