En art et particulièrement en peinture, la question du décoratif est latente. Pierre SOUCHAUD, peintre du triangle et du rectangle, du jaune et du rouge, est-il un peintre décoratif ?
Outre la sensualité apportée par la souplesse du trait, la complexité des ombres donne une profondeur de langage que l’on ne retrouve pas, par exemple, dans le travail, certes plus ancien, de Poliakoff. Delà à dire que Poliakoff est un peintre décoratif …. Le trait de SOUCHAUD a cela de particulier qu’à distance il parait net tout en laissant penser à une incertitude, une vibration, une matérialité organique que soulignent la souplesse des formes géométriques. A l’évidence, en se rapprochant, les éléments constituants la composition semblent dynamiquement flotter, comme animés par un mouvement, ce qui laisse à penser que l’espace dans lequel ils se déplacent a la complexité d’un paysage, ce que les ombres portées attestent.
Certes, l’œuvre de SOUCHAUD a un caractère décoratif, mais il est nécessaire d’y ajouter un effet méditatif, car si la généreuse lumière de ses compositions attire le regard en donnant une impression de confortable fraîcheur, leur étrange calme porte à la réflexion et à la profonde contemplation.
SOUCHAUD est un peintre classique, il sait qu’être peintre n’est pas mettre de la peinture mais utiliser de la peinture ; SOUCHAUD est un artisan polisseur d’aventures que sa culture sait les suivre et sa raison les guider ; SOUCHAUD sait être sur les murs pour en faire vibrer la peau et pour porter à notre esprit un paysage dans lequel se raconter.
Jusqu'au 5 juin à la GALERIE 75 à Rouen
A quoi pense Pierre SOUCHAUD quand, du pinceau et de l’œil, il caresse la toile veinée de soie ? Doucement il courbe le plan qui dormait sur l’étoffe, l’accompagne d’ombres, le fait proche du noir où se fonde le secret que nous ne pouvons voir. Doucement il pose une verticale qui parait infernale or l’estompe qui la grise et qui la rend fatale. A quoi pense SOUCHAUD en troublant l’ordre téméraire de la géométrie dont il émousse les angles ?
SOUCHAUD est peintre de la chair, celle que l’on caresse, mais qui sait se cacher ; il faut la désirer et qu’elle veuille se montrer car SOUCHAUD est pudique et nous laisse rêver, à Bardot, qui dort au soleil sur le toit de la villa Malaparte, un livre l’accompagne, il n’y a pas de méprise, le sujet est posé et nous laisse divaguer.