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Un pèlerinage, c’est un peu ce que fait Fabienne, la fille de Jacques, en faisant à la GALERIE 75 à Rouen, une exposition de certaines œuvres de son père, et en particulier des œuvres gravées.


Son pèlerinage a commencé par un voyage quasi immobile, dans quarante mètres carrés, faits de boites, de caisses, de cartons à dessin, où chaque mouvement entrave le suivant, où le carton déplacé et ouvert boit les minutes et les heures. Fabienne fouille et trie, entasse différemment. L’été est brulant comme une évocation d’Afrique où Jacques travailla la majorité de son œuvre. Comment ne pas tout regarder, comment ne pas avoir envie de commenter à ceux, qui absents, n’entendront pas les mots, qu’à peine elle prononce, comme pour se dire la réalité de ses gestes et étayer cette curieuse idée d’exhumation.


Fabienne est la fille de son père ce qui est suffisant pour sacraliser un travail qu’elle a toujours connu, mais par petits bouts, par arrivée soudaine ou par l’absolu certitude du côtoiement habituel. Là, soudain, sous sa main, une quantité d’années se propulsent. Il lui faut lutter contre un vif sentiment d’indécence. Elle fouille et imagine que son père la regarde comme elle pense le regarder dans ce fatras laissé qu’elle se doit de garder. Ces œuvres sont des miroirs, elle imagine Jacques penché à les réaliser. Avait-il envie de les montrer ?


Fabienne se doit. Il ne fallait pas commencer. Il ne fallait pas regarder. Maintenant la clé est souillée, non de sang mais d’encre. Elle a vu, avant elle devinait, maintenant il lui faudra montrer. Le chemin a commencé par la ville de Jeanne, Orléans suivra donc, mais aussi Reims et bien d’autres encore. L’œuvre de Jacques vaut tes efforts, Fabienne.