Guignole, Scapin, ces personnages font penser à la Commedia dell Arte, au castelet lyonnais, au tumulte de l’ironie, à l’outrecuidance éructative et rigolarde …. Comme elle est complexe cette gravure de Jacques Poulain. Les nez pinocchiesques collent bien au titre « Menteurs » sans que nous soyons vraiment à même d’identifier les personnages qui les portent.
Nous sommes en pleins théâtres où se côtoient en arrière-plan des saynètes de mœurs dans lesquelles les femmes ne semblent pas être à la noce mais aux prises à des amants que l’on pourrait croire abusifs.
Ce pamphlet, social ou politique, « Orange Mécanique » avant l’heure, met en scène des clowns hâbleurs et goguenards. Tout semble y passer : de la représentation sociale – au travers des costumes, de la nudité – représentée par une peinture, de la religion – illustrée par un exploit qui vaut bien une médaille si ce n’est la croix.
Quoiqu’il en soit, cette gravure démontre, s’il en était encore besoin, le talent de narrateur et d’illustrateur de Jacques Poulain, mais aussi son sens de la composition et surtout, bien que cette gravure ne soit pas numérotée et donc pour son usage, de son incroyable maîtrise de la gravure dans toutes ses techniques.