L’adoration

adoration-gorgo

L’âne, le bœuf, les rois mages et quelques anges habillés de sang virginal veillent un enfant, blond à souhait, fort en corpulence et immense de taille, sans doute Jésus, et prient, créant un attroupement gênant la circulation et entravant le commerce, bien que facilitant certaines rencontres.

Ils connaissent l’interdit qui frappe la prière en pleine rue mais brave la maréchaussée, qui ayant deviné l’outrage à la laïcité, le frein à la fluidité routière et la mise en danger de la tranquillité publique, accourt. Joseph, au volant de sa nouvelle auto – une Ange 667, affiche l’air radieux de l’endetté et n’est pas peu fier de ce qu’il prend pour une adoration des ses essieux.

Il en a même oublié l’objet de ce chaste transport avec Marie, qu’il doit porter à la porte du garage, là-bas, près des coteaux que les phares éclaireront pendant que, et sous toutes réserves, il t’attendrait, si ce dernier le veut bien.

Au loin les blanches et pures licornes voient venir la sainte trinité en surveillant d’un œil attentif ce diable de Charlie qui se niche honteusement face à l’hôtel où des dames désabusées nouent des regards humides en pensant à la pipe de mon oncle, sans pour autant négliger l’éléphanteau dont elles aimeraient recevoir la caresse.

Le décor ne fait absolument pas penser à Noirmoutier où l’ange Michèle ratisse les lagunes salées non loin de la Domalba de César et Rosalie. L’ange en est à son quatre-vingt-dixième petit tas de sel, sel succulent qu’elle offre à la vie de peur qu’elle s’affadisse. C’est sans doute les orties blanches qui m’y font penser. Celles de Bénédicte sont si belles que je les offrirais bien à Michèle en lui commandant un peu de son quatre-vingt-onzième futur petit tas de sel.

Pour en apprendre plus sur les Gorgô :