Non, mais ! comment tu parles de ta mère ? Compotier, je t’en foutrais, moi, des compotiers et ta bourre devine où j’te la mets, ta bourre ! … Non mais !
Quoiqu’à y penser, faut-il te donner tort ? Un compotier n’est-il pas un plat creux monté sur pied ?
Un peu comme une femme …. Certains disent « le fruit de vos entrailles est béni » comme s’ils parlaient d’un truc dont on attend la fin de cuisson. Ah ! le ventre … de plat il se rebondit rempli de mille promesses. Que l’attente est jolie. L’espoir de dévorer, de baisers ou de crocs, aiguise les appétits.
Saturne guette. Le compotier ne se désemplit pas. La prophétie se réalise et les grains de sable de la plage maudite font la tête au peuple élu qui n’en finit pas de croitre.
Saturne plonge son immense main. Il dévore tout, de la galaxie au doryphore, de l’orgueilleux au gueux. Lui-même se reluque dans le vide qui sans cesse se remplit. Il mangerait bien quelques secondes ou même des millénaires. Mais le temps c’est lui. Il se contente de se ronger les ongles pour se passer tout seul.
Et ce compotier qui ne cesse de déborder en salopant la nappe. Il y en a même qui font son boulot et qui rectifient des comme eux, croyant qu’un jour ils pourraient en réchapper.
Saturne rigole, il sait ce que c’est l’immortalité. Il en mettrait bien un ou deux à goûter à la chose, un peu comme dans « Tous les hommes sont mortels » de Simone de Beauvoir. L’immortalité c’est chiant à vous couper l’appétit. Bon, c’est pas l’tout … On cause, on cause, mais j’ai un compotier à essayer de finir.
Ça n’empêche que toi, le gars toujours à la bourre, je te trouve rigolo d’avoir eu cette idée de ventre-compotier. Tiens, pour fêter ça, je vais en croquer un p’tit tas.