Bah oui, il faut aller les chercher les bigoudènes, c’est là l’intérêt du travail de Jacques POULAIN, quand il troque la pointe sèche et le burin pour le tendre pastel, quand il gestualise l’abandon du cuivre et se libère sur la feuille sans marge.
C’est de son pays natal d’artiste qu’il nous parle. Lui est né en Loire Atlantique, mais ce sont des cartes postales de Bretagne qui lui servaient de model à ses balbutiements graphiques.
Vous les voyez ces bigoudènes ? Elles sont deux, elles sont trois …. Peu importe, il y a la mer et les arbres chétifs du littoral battu par les vents et puis il y a la mer et le ciel habillé de nuages. Les femmes en coiffe discutent, Jacques les isolent d’un noir brouillard du reste de la composition, qu’il hache rapidement comme on décrit un paysage connu.
Regardez où va votre œil. Il est là, dans la main de l’une d’elle, celle du centre dont le bras levé laisse paraître le coude. L’autre, aussi, focalise sur ce point d’attirance et nous prête à croire qu’il s’agit là du lieu de leur conversation. Elles ne sont peut-être que deux, la troisième est cette histoire dont nous ne saurons rien, si ce n’est l’imaginer parlant de la mer, du vent, d’attente et que son langage est celui de la misère et de la fierté et que ses mots grognent comme les flots au milieu des rochers…. Jacques POULAIN n’avait pas dix ans quand il forgea ce souvenir. C’était dans les années 30, 1930 …. Le beurre était salé, puisque breton, mais rare pour les pauvres de cette époque qui nous semble si lointaine et qui fut si rude pour qui la vivait.