Pas besoin d’être voyante pour faire la différence entre une boutisse – une brique qui montre son petit côté, et un boutis qui est une très ancienne technique de piquage et bourrage entre deux épaisseurs de tissus. Le boutis vient d’Egypte. Il traversa la Méditerranée pour envahir Marseille en faisant une première étape en Sicile où a été créé le plus vieux boutis connu qui date de 1395. Ce boutis de 14 panneaux raconte la vie de Tristan et Iseult. Il est dit que le nom de boutis serait celui d’une aiguille en buis et à deux chas.
Rebecca CAMPEAU a une longue histoire avec le tissus au travers de costumes, de mannequins grandeur nature (pour Lévi-Strauss et Paul Emile Victor), de bustes de personnages célèbres, mais aussi, elle est peintre et sculpteur et ce que Rebecca CAMPEAU présente à la GALERIE 75 peut se considérer comme une synthèse de ses multiples pratiques. A ce titre, ses boutis sont bien plus que de remarquables étoffes aux caressants reliefs, ils sont les socles sur lesquels poussent et jaillissent les personnages de comédies fantastiques.
Dans l’œuvre « La voyante » Rebecca CAMPEAU exprime les facettes de son caractère. Elle est à la fois tendre et sensuelle comme ce si doux boutis qui cerne, à la manière d’Alechinsky, la scène centrale, où elle se montre rigoureuse en la délimitant franchement, pour exulter, facétieuse et joyeuse, dans le scénette qui semble être l’objet de sa proposition.