Cet exercice me fait penser à la lecture de lettres dont je m’étais contenté de poser les paquets de-ci de-là, en ne me préoccupant que d’une éventuelle harmonie dans la présentation générale. Le lisant, je me ressens voyeur, violeur d’intimité, pousseur de portes secrètes. Il me semble voir au-delà de ce que j’avais fugacement regardé.
Je plonge dans une complexité qui me fait apprécier bien différemment l’étrange épaisseur qui recouvre la toile. Le travail de Serge GOBBÉ est un travail en pénombre qui ne se livre qu’à la lumière de l’attention. C’est un travail profond et pudique, qui raconte la vie, la sienne, qui comme toutes les vies est faite de petits riens, d’anodins moments que recouvrent quelques grands évènements, sans toutefois les faire disparaître et qui surnagent dans l’océan des troubles profonds, comme des îlots sur lesquels reposent la pensée et la mémoire.
Serge GOBBÉ nous donne à voir ces îlots qui sont autant de petits cailloux qui jalonnent le passé. Ils sont en pleine lumière et peuvent se suffirent en eux-mêmes, ce qui n’est pas certain ….