Cette « Bucolie » me fait penser à Malicorne, à la mare de mon copain Bernard, au glissement doux, calme et imperceptible de la terre qui, se cachant sous un manteau d’herbe, envahit la cour, jadis pavée, de la ferme où ne se cultive plus que l’amitié et la famille.
La mare de Malicorne, attendant la pluie, s’enlise d’abandon en peuplant d’images l’humour de Bernard, qui raconte sa jeunesse et l’arrivée du jus électrique.
Mr et Mme GORGÔ n’ont jamais vu les maïs arrosés d’orages mécaniques, ni les biches, ni les champignons de Malicorne et leur mare s’habite de nymphes qu’Adonis, devenu vieux, regarde tendrement en pensant à Aphrodite avec qui, revenant de la chasse il se baigna. Adonis repense à l’ardeur de son corps, à la chair voluptueuse d’Aphrodite, au parfums sauvages des plantes et des macérations organiques, à sa faim gigantesque qui appelait au festin et pense au ruissellement de l’eau qu’il buvait dans la gorge de ses seins. Adonis, nimbé du blanc des âges parcourus, parle chasse et tueries et raconte ses amours. Ses histoires sont longues, imagées et fleuries, Aphrodite les habite, elle en est le centre, la trame, la ponctuation. Il sait n’être que l’ombre échappée de son corps qu’un sanglier énorme fit éternel en le mutant en fleur aussi rouge que son sang. Son âme n’est plus que mots, son esprit hante les bancs où se disent les vies et raconte l’amour et les fleurs, les passiflores que l’on dit si stimulantes aux hommes et l’adonis si pleine de passion.