Verdi, Le Requiem de Verdi. C’est pour moi une succession de sanglots, de torrents de larmes que j’assèche avant d’y succomber. Entendre le Requiem de Verdi est un brassage d’émotions suffocantes qui me laissent brisé, mais léger, comme dépouillé d’inutilité.
Ce Requiem est un vieux compagnon. Je l’ai entendu la première fois il y a plus de cinquante ans sous la baguette de Tullio Sérafin. Déjà à l’époque les deux disques portaient les stigmates classiques des écoutes répétées sur ce que l’on nommait des tourne-disques et ces craquements sont indissociablement liés à mon émotion.
Je me suis aperçu, en regardant le travail de Serge GOBBÉ, que mes pensées s’habillaient de ce Requiem. C’était très diffus, à peine construit, comme une odeur que l’on croit sentir.
Alors j’ai réécouté le Requiem et puis je me suis mis devant un de ses tableaux, peut-être un des plus difficiles de l’expo, celui qu’il nomme « La danse macabre ». La plupart de ses œuvres ne sont pas datées. La « danse macabre » elle, est datée, de 2019. C’est une sorte de crucifixion matinée de 14 juillet, où les danseurs, squelettes simiesques pas tout à fait décharnés, dansent ce qui semble être un flamenco pour fêter la gloire et la victoire de la mort.
Il faut un peu de temps pour voir apparaître les personnages, car comme à son habitude Serge GOBBÉ ne ménage pas la matière, créant un chaos qui nous force à un regard attentif.
Comme souvent dans ses tableaux, au-delà de ce qui nous semble être le sujet, arrive un élément que la lumière de l’ensemble cachait. Là, dans cette « danse macabre » je perçois un enfant que la couleur du fond absorbe. Est-ce lui le sujet ? Et sort-il de cette bouche aux lèvres ourlées qu’à la manière d’un œil elle capte notre regard.
Il se dégage de cette toile une ambiance de folie qui me fait penser à la fête mexicaine des morts « El dia de los muertos ». Carnaval des vivants …. C’est peut-être cela que je retrouve dans le « Requiem » de Verdi.