Tout comme dans les contes de fée dans lesquels les détails captent l’attention tant ils sont fins, délicats, attrayants, ne laissant à l’auditeur que peu de place à l’aventure qui s’y trame et qui, pourtant, est attendue, et qui, pourtant, le saisira, les œuvres de NADINE CREPEL ont le côté apparemment naïfs des histoires simples à se dire en famille. Elle nous propose une angélique promenade, pleine des feux de l’invisible soleil baignant l’herbe à l’habiller de miel.
Or, cette immobile sérénité que le regard pénètre, se troue de sentiers, de grottes végétales, de sombres talus animés de milles nuances abandonnées de lumière. Là, l’œil cherche et invente et Nadine se révèle conteuse et c’est nous qui racontons l’histoire dont elle nous a tendu le cadre. 

Pendant que Gérard caresse les courbes du pont enjambant le bassin qu’un train furieux laboure de ses freins, Nadine peint, elle aussi, mais au fond du jardin, quettant le soleil réveillé par le fil ténu d’une herbe, d’une queue de feuille, à telle envie que la plaine s’embrase, plissant son regard à lui faire chercher l’ombre, ce plein qui suit le délié. Nadine, dans le feu tonitruant de la plaine, cherche la nuance, sans qui rien ne se sait, sans qui rien ne se voit, le rabot de la brutale lumière ne lui en laisse que peu, c’est sous le couvert que l’histoire se tisse d’une pluie de gradations, de touches et de teintes, c’est dans cette ombre que sa maitrise se dit et qu’il faut regarder, comme elle et se laisser porter.