Les lourdes fleurs de Lionel LESIRE
s’épanchent sur la soie du papier
où les plumes d’ange
échappées des coroles brisées
se noient dans la brume des
pétales égarées
le regard se perd
l’envie est de
toucher
le calme raffiné d’une nappe
caressée d’écume
d’un parfum deviné
Les fleurs de LESIRE repose sur un lit
que l’on pourrait croire uni
comme un linceul
de neige
ou
de pensées
dont les strates nourrissent l’œil qui s’attarde
à voir ce que l’esprit ressent
c’est l’œuvre d’un
peintre habitué à la nuance
et qui sait
qu’il faut se
perdre pour espérer se trouver
les fleurs de LESIRE sont une
exaltation des sens
il leur faut l’infini
que nous sommes
seuls à leur donner si nous pouvons nous noyer
dans les vibrantes
nuances
de la couche froissée
où Lionel
les pose
Lionel LESIRE a débuté sa carrière
en créant et peignant d’immenses décors pour l’Opéra de
Bruxelles. Il sait dessiner et son trait est d’une précision
psychologique bien que totalement réaliste.
L’exposition
« Fleurs de nuits » ne pourrait pas être sans cette
extrême maîtrise du dessin, de la composition et de la mise en
couleur. Que Lionel LESIRE ait accepté de ne conserver que l’épure
pour porter la sensation plus que la constatation, pour être peintre
plus que naturaliste, nous invite à une contemplation plus sensuelle
que mystique.
La fleur est un sujet qui peut prêter à la
somnolence décorative du dessus de buffet, dans les mains de LESIRE
elle est ce que cent millions d’années d’évolution en ont
fait : un sexe tonitruant, prêt à toutes les extravagances,
déchirant l’indifférence, chiffonnant les parterres innocents,
perturbant les plus stoïques passants. Lesire le sait et c’est
cette impertinente désinvolture qu’il décrit en ras de marée, en
explosion, en étalement considérable, mêlant le vu, le senti, le
toucher, le ressenti de la chair pulpeuse ivre du temps qui ne veut
que sa perte et son devenir.
Ce symbole d’innocence est un hymne
à l’envie, LESIRE le sait et effeuille la nuit les délicates
coroles.
Le crayon de LESIRE habitué à dire se
met à chanter
Le pinceau de LESIRE dressé à colorer se met à
jubiler
brouillant les certitudes d’horizons affirmés
ils
dansent aux lisières de l’objet et du fond
plongeant dans le
regard inversé de l’œuvre
ils vampent et pire le peintre qui
expire l’expert
pour se plonger dans l’onctueuse pâte
habilleuse de pensées
et suivre son délibéré
Dans le gras de l’encre que LESIRE
grave
d’un alphabet graphite
évoquant d’amoureuses
tempêtes
de navires en déroute
de lèvres offertes aux
délices du souffle
de pertes d’espoir et de liens qui se
font
je paréidolise d’oiseau et de corps
et d’œil
et
de profondes béances
comblées des pétales prédictives
d’une
éternité arrachée au pédoncule
des fleurs froissées
d’étreintes
LESIRE caresse le lourd rideau de
velours
du calice embrumé de pétales
qu’il noie dans un
ciel de papier
immense mer de vibrantes passions
où le regard
s’égare à parcourir ce qui semble uni
comme un murmure dont on
devine l’écho
qui dit la profondeur
qui donne
l’épaisseur
LESIRE dépouille pour mieux habiter
pour mieux
être habité
pour nous convier à nous perdre
dans de rêveuses
pensées
Les abeilles se marrent en regardant
LESIRE, elles l’appellent Dabeille
ça l’énerve le Lionel
qu’elles le fassent pour que LESIRE rage et voit tout en noir
en
fait il s’en fout il aime les abeilles et le pollen
et puis de
Lionel à pollen à bien y regarder c’est une histoire de i changé
en p et un joli désordre
les abeilles sont comme ça, butineuses
de mots dont elles font leur miel
alors LESIRE leur peint des
émotions de pétales à y mettre son nez
à y passer ses doigts
à
y mordiller
à y faire l’abeille
les abeilles se marrent à
voir LESIRE étaminer les pistils sous le couvert charnu des
pétales
elles lui fileraient bien dare-dare un p’tit coup de
patte
à le voir boire le nectar à pleine corolle
LESIRE aux traits concis bien que
lyriques
chante de son pinceau l’ode
à ce calme tumulte
des explosions
si intimes mais si fortes
que l’on croit que
ce drame
que l’on appelle la mort
n’est en rien
coutumière
au dépouillement des fleurs
à cet abandon si
soudain
sans doute l’œuvre d’un souffle
qui fait de la
corolle maintenant disloquée
une mer de pétales embrasée de
regrets
Doté d’autant de consonnes que de
voyelles
Lionel Lesire au tombé de son esse accrocheur de
pensées
se libère est devient
Comme le dit Clovis
le loin
irréel
qui s’accroche sur les murs
au liseré duquel on le
lit
et le voit
lier en soleil
les pétaradantes corolles
où
il relie les loin à en nier l’oseille
pour elles l’ironie
bien que l’os lie le rien
peut isoler le lien
si on le
relie
au tout qui est
d’ensoleiller
la vie
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