EXPO DU 3 SEPTEMBRE AU 15 OCTOBRE 2021
Les petits cousins technique très mixte marouflé sur toile 100 x 100
GUY BERAUD,
enfant, a voulu devenir artiste, ce qu’il est devenu en apprenant
d’arrache- pied à l’être, comme on retourne la terre, comme on
sème et soigne sans cesse, pratiquant le moindre des acquis, montant
chaque marche découverte de l’escalier sans fin, qu’il sait
encore, ne mener qu’à lui.
Béraud affecte sur son travail une
distance joyeuse, presque désinvolte, un peu moqueuse, pour ne pas
effrayer, décourager, froisser, ceux qui lui font l’honneur de se
plonger dedans et avec qui il parle, laissant croire qu’il rit,
bien que disant sa profondeur.
Il faut, pour lire le travail de
Guy Béraud, se détourner de l’évidence du convenu, enjamber les
chausse-trappes des titres, s’accrocher à un détail et l’oublier
pour parcourir ses alentours, puis se baigner dans la richesse des
fonds et à nouveau tout gommer, pour ne plus voir que le tout, comme
on regarde un paysage où l’on découvre ce qui se présentait et
qui attendait notre envie de voir.
C’est
l’heure, ou presque, à laquelle il faut ranger les Béraud. Tout à
une fin, bien que la nôtre, de faim, reste entière le concernant.
Quelques jours encore pour suçoter les dernières parcelles de temps
qui ont fait le miel des curieux, des affamés de pas de côté et
des regards en biais. Béraud est un type joyeux, plein de sève et
d’histoires, c’est un arbre sur lequel les mots se posent en
images, pour raconter des contes à rêver, pour avoir un peu peur, à
la manière des légendes des landes et des forêts.
Les
toiles de Béraud sont de belles tapisseries, profondes aux regards
attentifs …. Il reste si peu de temps à s’y confronter…
Le
27 octobre ça sera fini.
Guy
Béraud, ce nom est à lui seul une poésie, un prologue d’aventure,
une ballade sylvestre à faire craquer les branches basses des
feuillus vermoulus et gorgés des humeurs matinales des cieux
laboureurs de vallons. Le prononcer c’est sentir l’humus frémir
d’humeurs tant animales que végétales.
«
La Forêt de l’Ours Commandeur », comme le veut la profondeur
historique des sons qui forgèrent ses noms et prénoms, aime le
fourmillement des couleurs et des formes, l’entrelacs racinaire des
reliefs, les masses colossales buveuses de regard.
Guy
Béraud est un peintre végétalien tendrement amoureux du
grouillement arthropodien à forte teneur paréidolique. Ses paroles
sont un discours de feuillage s’animant aux vents des regards que
l’on porte à son travail. Guy image en riant, oubliant les mots
des savantes théories, il parle en gourmand, en Ours bien léché,
protégeant la sincérité de son art d’un voile de distance que
l’on peut prendre pour de la dérision mais qui n’est qu’une
politesse adressée à son éventuel contradicteur.
Tout
art nécessite du temps, celui de Béraud n’échappe pas à la
lenteur pénétrante qu’il faut lui adresser, au risque, fort
certain, d’en vouloir parcourir les frémissants sentiers.
Un
Béraud c’est comme une balade en forêt : il faut franchir l’orée
en écartant les folles fougères fouetteuses de mollets, grimper
l’éventuel talus où poussent les ronciers aux longues tiges
agrippeuses de textiles et se laisser aller à percer la pénombre
pour y distinguer ce que l’exubérance, le foisonnement,
l’explosion de couleurs, de matières, de formes du premier plan,
qui captivait tant notre attention de départ, semble nous
cacher.
Béraud raconte. Il raconte avec une fantaisie que l’on
pourrait percevoir comme logorrhéique et que certains redoute tant
cette rieuse agitation peut leur faire croire à l’épouvante du
cauchemar. Béraud convoque les gnomes, les fées, les insectes des
tragédies burlesques des histoires pour enfants, ça gigotte
beaucoup, mais à bien y regarder ça ne grince pas du tout et c’est
moins tumultueux qu’une sortie de métro à l’heure où les
pointeuses s’endorment. Béraud est un tendre, un peu moqueur tant
de nous que de lui-même, surtout de lui-même, et c’est un homme
pudique qui nous propose d’être patient pour le découvrir.
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